Les Etats-Unis ont été précurseurs sur le marché du podcast. Puis, l’écosystème s’est rapidement structuré en Europe où l’audience et les nouveaux acteurs ne cessent de croître.
Qu’en est-il aujourd’hui de l’émergence du podcast sur le continent africain, où la culture orale est déjà très ancrée ? Et comment se structure le marché selon les pays ?
Une connexion encore compliquée en Afrique de l’Ouest
La baisse des prix des données et l’utilisation croissante des téléphones mobiles ont permis aux jeunes créateurs africains, friands des réseaux sociaux et du digital, de raconter leurs histoires plus facilement. Les conditions de connexion restent encore très compliquées selon les pays, mais des idées et des initiatives émergent.
En Côte d’Ivoire, Jessica Brou a créé un podcast francophone Conversation privée. Avec le podcast et les réseaux sociaux, pour elle, les frontières s’effacent et elle peut s’adresser à la fois aux personnes qui vivent sur le continent qu’à celles qui envisagent de revenir sur le continent ou s’y installer. Elle explique toutefois que les difficultés matérielles et technologiques sont aussi un frein à la création et l’écoute de podcast en Côte d’Ivoire.
Au Cameroun, le podcast a plus de difficultés à émerger. Jean-Aubain Tcheuffa est le créateur de Yopcast.com, une plateforme d’écoute qui vise à dynamiser le marché Africain du podcast et inciter les jeunes à se lancer en freelance. Pour lui, l’Afrique subsaharienne n’est pas encore familiarisée avec le média podcast. D’ailleurs, beaucoup ne connaissent pas ce média.
Pour autant, il pense que le marché Africain est une grande opportunité. Le nombre de bloggers ne cesse de croître sur Facebook et YouTube et il espère un boom du marché. Selon lui, les podcasts au son plus qualitatif seront plus consultés que les vidéos sur YouTube car moins consommateurs de data, rendant ainsi le marché très compétitif.
Un marché qui se structure en Afrique de l’Est
Le journaliste Antoine Kauffer, installé à Nairobi, auteur d’un article dans Le Point Podcast : Afrique, ce marché qui monte, parle du développement du podcast au Kenya, un pays où la culture des podcasts prend le dessus à Nairobi – et de manière assez incroyable.
Il m’a expliqué notamment que ce pays anglophone, très influencé par la culture américaine a aussi investi dans l’installation de la 5G et possède déjà une excellente couverture Internet.
Les sujets abordés dans les podcasts sont variés et beaucoup de jeunes ont trouvé un canal pour parler ouvertement de problèmes négligés en Afrique, que ce soit l’argent, l’amour, les relations, etc.
Parmi les podcasters en vogue, on trouve la journaliste Radio Adelle Onyango, qui a créé « The Adelle Onyango Initiative ». Cette figure de proue souhaite contribuer à une meilleure qualité de vie des femmes grâce à du mentorat, du financement, du storytelling, de l’orientation professionnelle. Elle raconte notamment des histoires d’Afrique et d’africains et initie des conversations cruciales dans ses deux podcast : Legally Clueless et PursePective.
On trouve aussi JAMP, Just Another Male Podcast de Martie et Chege qui parlent de l’actualité sociale, de l’agitation d’être un homme dans les rues de Nairobi.
She Shapes the city et Africanah présentent des femmes inspirantes pour montrer un avenir meilleur aux jeunes filles.
L’émergence de ces podcasts a d’ailleurs donné lieu à un festival du podcast : The Africa Podfest, organisé par deux jeunes femmes d’origine kenyane Paula Rogo et Melissa Mbuga, qui incitent à la création de podcasts dans les langues locales. Cet évenement met en avant les développements du podcasting africain, réunit les acteurs de l’écosystème des nouveaux médias et souhaite stimuler la production de podcasts dans la région. Le festival annulé au Kenya cette année à cause du confinement, s’est quand même tenu en Egypte au Caire.
L’idée est aussi de connecter les podcasters africains présents sur tout le continent tout en encourageant la diversité des langues, également encouragée par la plateforme d’écoute Afripods qui identifie une audience importante pour les langues maternelles africaines.
Une opportunité pour les marques ?
Le podcast présente donc un potentiel énorme sur le continent africain, même si le développement est encore hétérogène selon les pays et les langues. La tradition orale, le succès de la radio et des réseaux sociaux sont autant d’atouts qui lui prédisent un bel avenir en Afrique.
D’ailleurs, RFI ne s’y est pas trompé en lançant en juin 2020, Dianké, le premier podcast natif de fiction ouest-africaine, qui raconte le parcours d’une femme africaine émancipée.
Ouvrez grand vos oreilles, mon petit doigt me dit que les voix africaines seront bientôt dans nos écouteurs pour nous ouvrir à d’autres cultures, d’autres accents et d’autres visions.
C’est aussi cela la richesse du podcast !
Cet article est issu de la chronique #3 du podcast Part de Voix, qui décrypte les podcasts de marque. Ecoute la chronique :
Étude CSA/Havas sur le podcast natif en 2023
Découvrez les résultats du baromètre de l’étude CSA/Havas sur le podcast natif en France lors du Paris Podcast Festival 2023.
NFT et podcast de marque
Les NFT sont devenus très populaires en marketing et publicité, offrant aux marques de nouvelles opportunités d’interagir avec leurs cibles.
Décryptage socio-culturel du podcast
Le podcast tire sa raison d’être de la parole et du vivant. C’est une opportunité de réintégrer l’oralité et la transmission dans nos quotidiens.